Comment prévenir les vols en entreprise ? Spécial restauration

Par Julie de Zelty | 6/05/2025 | 10 minutes de lecture

Dans le secteur de la restauration, les cas de vol en entreprise sont malheureusement fréquents. Que ce soit du matériel, de la marchandise, entre collègues, ou même l'utilisation des données, chaque délit constitue une menace pour la sécurité, la rentabilité et la réputation de l’entreprise. Comprendre les mécanismes, que mettre en place, et les sanctions applicables est crucial pour protéger votre entreprise contre ces agissements.

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Comprendre les motivations qui poussent à l'action

Avant de sanctionner, il est utile d’essayer de comprendre ce qui peut pousser un salarié à voler. Dans le milieu de la restauration, la pression, la précarité, la proximité avec les biens de valeur (alcool, nourriture, argent liquide) ou encore des conflits avec les collègues peuvent être des causes sous-jacentes d’un vol commis.

Il n'est pas question d’excuser, mais de mieux anticiper. Un bon climat social dans l’entreprise, une reconnaissance du travail effectué, et des conditions de travail justes peuvent contribuer à limiter les cas de vol. Le voleur n’est pas toujours un employé mal intentionné, mais peut réaliser un acte sous impulsion, par rancune ou dans un moment de fragilité.

Une réalité préoccupante en entreprise

Le vol en entreprise peut être commis aussi bien par un salarié de l'entreprise que par une personne extérieure à l'entreprise. Cependant, les statistiques montrent que la majorité des cas ont lieu en interne : les actes sont commis par un salarié de l'entreprise ou une personne ayant un accès aux locaux de l’entreprise.

Dans la restauration, cela peut aller du vol de biens (nourriture, boissons, ustensiles) au vol des données personnelles des clients, en passant par le vol de matériel de cuisine ou de caisse.

Exemple de cas

Prenons le cas de vol commis par un salarié de restaurant qui subtilise régulièrement des bouteilles d’alcool. Une enquête interne permet de prouver le vol et l'employeur, qui est considéré comme le dépositaire des objets personnels de ses salariés, doit agir rapidement pour préserver l’équilibre de son établissement.

Ce type de vol, bien que parfois considéré comme « petit », peut nuire à l’entreprise de manière significative.

Les responsabilités de l’employeur en cas de vol

La responsabilité de l’employeur est engagée dès lors qu’un vol est commis dans ses locaux. Il doit à la fois protéger les biens de l’entreprise et ceux de ses employés, tout en mettant en œuvre les moyens pour anticiper les vols.

Face à un cas de vol dans l’entreprise, l'employeur a plusieurs obligations :

  • Prouver le vol (témoignages, vidéosurveillance, audit, etc.),

  • Identifier le voleur,

  • Déclencher la procédure disciplinaire, pouvant aller jusqu'au licenciement pour faute lourde.

 

Prévenir les vols : des moyens concrets

Pour anticiper les vols dans un restaurant, plusieurs moyens peuvent être mis en place :

  1. Installer des caméras de vidéosurveillance, notamment dans les zones sensibles comme les réserves ou la caisse.

  2. Former le personnel sur l’importance de la confiance et les conséquences des vols entre collègues et au sein de l'entreprise.

  3. Mettre en place un règlement intérieur strict, mentionnant les comportements interdits, les types de sanctions et la procédure de licenciement.

  4. Limiter l’accès à certaines zones ou ressources (caisse, stock, ordinateur contenant les données personnelles).

Effectuer des inventaires réguliers pour détecter tout manque ou détérioration.

Le rôle du contrat de travail et du règlement intérieur

Le contrat de travail et le règlement intérieur doivent clairement stipuler la politique de l’entreprise en matière de vol. Toute infraction peut ainsi faire l’objet d’un avertissement, d’une sanction disciplinaire, voire d’un licenciement pour faute grave selon la gravité du vol.

En cas de licenciement pour faute, notamment pour vol commis par un salarié, la procédure doit être rigoureuse. Le Code du travail impose un formalisme strict car, en cas d’erreur, le licenciement peut être contesté.

Licenciement pour vol : quelles conditions ?

Le licenciement du salarié pour vol est une mesure lourde, qui doit être justifiée. Le juge, en cas de litige, analysera si :

  • Le vol est bien constitué

  • Le salarié a commis une faute grave

  • La preuve du vol est suffisante

  • Le vol a été commis au préjudice de l’entreprise ou de ses collègues

Un vol des biens de l’entreprise, même d’une valeur minime, peut constituer une faute grave ou lourde, dès lors qu’il est prouvé et que la confiance est rompue.

Exemple : la jurisprudence de la Cour de cassation

Dans un arrêt célèbre, la Cour de cassation a validé le licenciement pour faute grave d’un serveur ayant subtilisé une boisson. Le délit de vol - même minime - avait suffi à considérer la rupture immédiate du contrat.

Délit de vol : conséquences pénales possibles

Outre les sanctions disciplinaires, un vol commis par un salarié peut entraîner des sanctions pénales. L’employeur peut porter plainte, que le vol concerne des biens matériels ou des données. Le Code pénal prévoit jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende pour un délit de vol.

Dans certains cas de force majeure, notamment en cas de vol de données sensibles, des poursuites pour atteinte à la vie privée ou fraude informatique peuvent également être engagées.

Agir face à un vol : étapes et stratégie

Lorsque l’on est victime d’un vol, voici les étapes à suivre :

  1. Identifier le type de vol : vol interne, vol de client, vol ou détérioration.

  2. Réunir des preuves : vidéos, témoignages, audits.

  3. Prendre des mesures conservatoires (mise à pied, suspension).

  4. Entamer la procédure disciplinaire, avec convocation à un entretien.

  5. Considérer le licenciement, selon la gravité de l’acte.

  6. Si nécessaire, porter plainte.

Faut-il toujours porter plainte ?

Porter plainte est un choix stratégique. Si le vol est grave, organisé ou répété, le dépôt de plainte permet de marquer une ligne rouge claire. Cela peut aussi servir de dissuasion pour d’autres employés. Mais dans les petits cas ou en présence de preuve limitée, certains employeurs préfèrent gérer cela en interne.

Le délit de vol est caractérisé lorsqu’un bien est soustrait volontairement et frauduleusement. Il peut être poursuivi devant les juridictions pénales, et entraîner une inscription au casier judiciaire du salarié.

Moyens technologiques pour prévenir les vols

Les outils modernes permettent de mieux sécuriser les établissements de restauration :

  • Systèmes de badge pour contrôler les accès aux zones sensibles

  • Caisse intelligente avec enregistrement des ouvertures

  • Logiciel de gestion de stock pour repérer les écarts

  • Surveillance vidéo, dans le respect du RGPD

Ces outils, combinés à une bonne organisation humaine, permettent de réduire significativement les risques de vol.

Politique de tolérance zéro : attention aux abus

Si la gravité du vol justifie une sanction, attention à ne pas franchir la ligne de l’abus. Une politique trop sévère peut entraîner une perte de confiance, voire une détérioration de l’ambiance au sein de l'entreprise.

Il est donc recommandé :

  • De proportionner la sanction à la faute

  • D’éviter les généralisations (tous les salariés ne sont pas des suspects)

  • De dialoguer, dans les cas ambigus, avant de licencier

La faute grave doit toujours être prouvée, et les droits du salarié de vol doivent être respectés.

Un salarié qui se sent respecté, valorisé et bien encadré est moins tenté par le vol. Voici quelques pistes pour prévenir les cas de vol :

  • Offrir une prime de performance basée sur des objectifs communs

  • Valoriser la collaboration en équipe

  • Écouter les doléances des collègues de travail

  • Mettre en place une boîte à idées ou une médiation interne

Cela permet aussi de mieux détecter les signaux faibles qui peuvent mener à un vol commis au préjudice de l’entreprise.

En résumé : une entreprise contre les vols, un projet collectif

Prévenir les vols en entreprise, notamment dans le secteur de la restauration, nécessite une approche complète : juridique, humaine, technique et organisationnelle. En tant qu’employeur, votre rôle est d’agir à plusieurs niveaux pour protéger votre entreprise tout en respectant les droits de vos salariés.

Chaque type de vol, chaque cause, chaque lieu, chaque personnel impliqué nécessite une manière de réagir spécifique. Mais une constante demeure : la nécessité de prouver un vol, de mettre en place des mesures de prévention et d'assurer une sanction disciplinaire adaptée. Il ne s’agit pas seulement de punir, mais aussi d’anticiper. Car au fond, dans chaque cas de vol, c’est l’équilibre de l’équipe, la confiance dans l’entreprise, et parfois même la survie de l’établissement qui est en jeu.

La prévention des vols dans la restauration est un enjeu de taille. Chaque salarié doit être conscient de ses responsabilités, et chaque employeur doit savoir agir avec rigueur. En cas de vol exercé la réponse doit être proportionnée mais ferme. Que le voleur soit salarié ou non de l'entreprise, les procédures doivent respecter le droit du travail, tout en protégeant l'activité de cette entreprise.

En mettant en œuvre des règles claires, des sanctions appropriées, et des moyens de prévention, il est possible de réduire considérablement le risque de vol au sein de votre établissement. Car en matière de vol, mieux vaut prévenir que guérir.

Mais la lutte contre le vol ne doit pas se limiter à des mesures coercitives. Elle passe également par la création d’une culture d’entreprise fondée sur la transparence, le respect mutuel et la responsabilisation de chacun. Lorsque les salariés se sentent intégrés, écoutés et valorisés, ils deviennent les premiers garants de l’intégrité de leur environnement de travail. Favoriser le dialogue, créer des espaces d’expression libre et instaurer une confiance réciproque contribue à limiter les frustrations et les comportements déviants.

Par ailleurs, il est important de rappeler que la prévention ne repose pas uniquement sur les épaules de l’employeur.Chaque membre de l’équipe, quel que soit son poste, peut jouer un rôle actif pour détecter des comportements à risque, signaler des situations suspectes ou rappeler les bonnes pratiques. En cela, l’instauration d’une politique interne claire et partagée est essentielle : un code de conduite bien défini, intégré dans le règlement intérieur, permet de cadrer les attentes et de rappeler les valeurs fondamentales de l’entreprise.

L’analyse régulière des incidents ou des tentatives de vol permet également de renforcer les dispositifs de prévention. Il est pertinent de documenter chaque situation problématique, d’en tirer des enseignements concrets et d’adapter les protocoles en conséquence. Par exemple, si un cas de vol de matériel est détecté dans une zone mal surveillée, cela peut justifier l’installation d’un nouveau système de sécurité ou une restriction d’accès. Cette démarche proactive réduit la probabilité de récidive.

Enfin, il ne faut pas négliger l’aspect psychologique du traitement du vol. Un salarié pris en faute peut parfois être réintégré dans de bonnes conditions si l’acte est isolé et de faible gravité. À l’inverse, un laxisme apparent peut avoir des effets délétères sur l’ensemble de l’équipe. Tout est donc affaire d’équilibre, de discernement et de cohérence entre les paroles et les actes de la direction.

En définitive, bâtir une entreprise résiliente face au vol, c’est investir dans des valeurs fortes, des outils adaptés et une vigilance de tous les instants. La sécurité, tout comme la rentabilité, commence par une organisation saine et une gestion humaine éclairée.

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